Taxation des plus-values – Quelles méthodes pour évaluer votre société ?

À ce stade, l’accord de gouvernement prévoit une taxe progressive de 10% sur les plus-values réalisées sur les actifs financiers, sans rétroactivité et en exonérant les plus-values historiques. En d’autres termes, seuls les gains enregistrés après l’entrée en vigueur de la réforme seraient imposés. Dès lors, afin d’optimiser votre stratégie patrimoniale, il pourrait être opportun de réaliser une évaluation de votre société afin de déterminer la valeur historique de l'entreprise. La valeur obtenue pourra ensuite servir de base pour le calcul de la plus-value entre la date d'entrée en vigueur de la réforme et la date de revente.  

Dans ce contexte, après notre précédent article sur les principales étapes d’une mission d’évaluation, notre troisième article de cette série de 15 publications traite des méthodes d’évaluation. 

L’expert mettra généralement en œuvre plusieurs méthodes d'évaluation, sélectionnées en fonction notamment de la maturité de votre entreprise et de son secteur. Ces méthodes, fondées sur des formules de mathématiques financières, sont issues de 3 approches universelles, à savoir, l’approche par le coût, par le rendement et par le marché. Nous les décryptons ci-dessous pour vous. 

1. L’approche par le coût 

Cette approche repose sur le principe qu’un bien ne vaut pas plus que ce qu’il a coûté à son détenteur. En matière d’évaluation d’entreprise, la méthode la plus couramment utilisée au sein de cette approche est la méthode dite de l’« actif net corrigé ». Elle postule que la valeur d’une entreprise correspond à la valeur de son actif net (c’est-à-dire ses actifs diminués des provisions et dettes), telle qu’elle apparaît au travers des comptes, corrigée des éventuelles plus- et/ou moins-values non exprimées dans ces mêmes comptes. Celles-ci résultent principalement des règles d’évaluation comptable, qui peuvent parfois s’écarter de la réalité économique. Un exemple typique concerne l’immobilier de la société, dont la valeur comptable (reflétant des amortissements plus ou moins importants) est souvent inférieure à sa valeur de marché. 

Si cette méthode présente l’avantage de la simplicité, elle ne rend compte que d’une facette « statique » de l’entreprise et ne prend dès lors pas en considération sa capacité bénéficiaire. 

2. L’approche par le rendement

La deuxième approche, basée sur le rendement, repose sur la théorie selon laquelle la valeur d’une entreprise est égale à la somme actualisée des résultats/cash-flows qu’elle sera en mesure de générer pour l’investisseur. Particulièrement, la méthode des flux de trésorerie actualisés (Discounted Cash Flow – DCF) consiste à actualiser les cash-flows futurs à un taux de rendement exigible par les actionnaires/investisseurs eu égard au risque qu'ils prennent dans l’entreprise (secteur, maturité, levier financier). 

Économiquementcette approche se révèle souvent la plus pertinente, dans la mesure où elle considère explicitement les perspectives futures de l’entreprise ainsi que les risques et incertitudes y liés. Sur le plan de la mise en œuvre technique, elle présente par contre certaines difficultés liées, d’une part, à l’établissement de prévisions financières fiables et, d’autre part, à l’estimation de paramètres financiers relativement complexes (tel que le taux d’actualisation ou le taux de croissance à long terme). 

3L’approche par le marché

Selon l’approche par le marché, parfois appelée « approche comparative », une entreprise s’évalue par référence aux prix auxquels se sont échangées, si possible récemment, des entreprises similaires. 

Cette approche englobe essentiellement deux méthodesUne première méthode consiste à établir des comparaisons avec des transactions privées récentes intervenues sur le marché des fusions et acquisitions (« M&A »), avec comme difficulté majeure le caractère opaque de ces transactionsLa seconde méthode s’appuie sur les cours des actions des sociétés cotées en bourse. De ces observations sont dérivés des ratios ou multiples, comparant la valeur de ces entreprises à certains de leurs paramètres financiers (tels que le chiffre d’affaires ou l’EBITDA). Ces multiples sont ensuite appliqués aux agrégats financiers de la société à évaluer. Les multiples les plus fréquents sont le multiple du chiffre d’affaires (« EV/Sales »), de l’EBIT(DA) (« EV/EBIT(DA) »), et du résultat net (« P/E »).  

La méthode des multiples, fondée en quelque sorte sur la règle mathématique de trois, présente l’avantage d’une grande simplicité d’utilisation et reflète au mieux les perceptions du marché. Sa difficulté principale réside dans la recherche de sociétés suffisamment comparables. 

En résumé, la valeur de votre entreprise peut être estimée au travers de 3 approches universelles, regroupant un ensemble de méthodes d’évaluation. Il conviendra à l’expert de mettre en œuvre les méthodes les plus pertinentes par rapport à votre société. 

Dans le prochain numéro de cette série, nos experts vous expliqueront pourquoi les données de sociétés cotées peuvent être utilisées pour évaluer une société privée/PME, et vous donneront les points d’attention liés à l’utilisation de ces données.  

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